Ateliers de potiers antiques de Lyon
L'atelier de la Butte
Eric Bertrand, Sandrine Elaigne, Armand Desbat et Anne Schmitt
Circonstances des découvertes
Les traces d'une activité artisanale céramique ont été mises en évidence quai Saint-Vincent, sur la place de la Butte (devenue place du 175e RIA), en 1965, à l'occasion de la pose par le service des Eaux de la ville de Lyon, d'une double canalisation, destinée à une traversée sous-fluviale de la Saône (fïg. 2). Les tranchées de mise en place de ces conduites de forte section ont éventré les niveaux de la place et le quai lui-même sur une hauteur de plusieurs mètres, révélant des structures antiques et une accumulation de couches contenant des déchets de fabrication de céramique et de verrerie. Ces observations ont été effectuées par A. Grange à qui l'on doit également des croquis et des relevés qui constituent la seule documentation sur ces découvertes. Aucune structure d'atelier n'est clairement apparue, hormis, dans une des coupes de la tranchée, une paroi rubéfiée pouvant se rapporter à un four. La couche riche en rebuts de cuisson surmontait un alignement de cuviers en céramique, dont la destination nous échappe, mais qui appartenaient à une installation artisanale antérieure. Toutefois, la
sence de ces couches d'épandages, riches en céramiques à parois fines et en lampes à huile présentant toutes les caractéristiques de ratés de cuisson, atteste la production de ces types de céramique dans ce secteur.
Ces découvertes sont à rapprocher de celles signalées par A. Comarmond (1855-1857) qui rapporte la mise au jour d'un lot de lampes à huile « quai de Serin, à Lyon, en 1842, dans la propriété de M. Morel, fondeur de cloches, en faisant les fondations d'un mur » (Comarmond, 1855-1857, p. 92, n°542). Il associe ces trouvailles à des découvertes plus anciennes (entre 1832 et 1834) faites au même emplacement : « Déjà dans cet endroit, on a fait de nombreuses découvertes, surtout en sujets erotiques ; on y a même découvert les ruines d'un four de potier ainsi que des vases de formes variées, des outils s'appliquant à la céramique ». Il précise également que « beaucoup d'objets qui provenaient de cet atelier étaient en terre blanche » et ajoute {ibid., p. 97, n°569) que l'atelier appartenait au potier Strobilius « attendu que ce seul nom figure sur les objets céramiques trouvés près du four dont nous avons parlé au n° 542 ». Comarmond évoque encore « au lieu-dit de la Butte, en 1840, la récupération dans les ruines d'un four de potier,
Galha, 54, 1997, p. 1-117
© CNRS Editions, Paris, 1998
